Mi-novembre 2025 : IA, hardware, régulation… les 5 grandes tendances tech à retenir

Infrastructure IA, AI PC, régulation européenne, cybersécurité et retail : synthèse des grandes tendances tech de mi-novembre 2025 pour comprendre où va l’écosystème IA.

Mi-novembre 2025 : IA, hardware, régulation… les 5 grandes tendances tech à retenir

On vient de passer deux semaines très denses côté tech :
investissements massifs dans l’infrastructure IA, poussée des AI PC, débats sur l’AI Act, cybersécurité dopée aux deepfakes, retail transformé par l’IA…

Ce 16 novembre, on prend du recul pour relire cette première moitié de mois et dégager les grands mouvements qui se dessinent :

  • l’IA devient une infrastructure critique (data-centres, satellites, hubs régionaux) ;
  • les devices (smartphones, PC, hardware créatif) se “dopent” à l’IA embarquée ;
  • la régulation européenne se structure (AI Act, Apply AI, souveraineté) ;
  • les risques cyber prennent une nouvelle dimension avec phishing & deepfakes ;
  • commerce, climat, durabilité : l’IA s’invite dans les systèmes économiques et écologiques.

1. L’infrastructure IA devient un “réseau énergétique” mondial

Depuis début novembre, le fil rouge, c’est clairement :

l’IA n’est plus un simple logiciel, c’est un réseau d’infrastructures lourdes.

Quelques signaux forts :

  • Des projets comme Firmus en Australie, avec plusieurs centaines de millions de dollars levés pour construire des “AI factories” vertes, s’ajoutent à des investissements record de Microsoft, Google, Meta, etc. pour alimenter l’IA en compute (GPU + HBM + énergie).
  • En Europe, des annonces comme l’investissement prévu de 10 Md$ de Microsoft dans un hub IA à Sines au Portugal, avec des dizaines de milliers de GPU NVIDIA, montrent que les data-centres IA deviennent des actifs stratégiques au même titre que les ports ou les centrales.

On voit émerger trois tendances :

  1. Régionalisation :
    • grands hubs aux US, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique ;
    • montée d’acteurs “neo-cloud” régionaux (Firmus, CoreWeave-like, etc.) qui complètent les hyperscalers.
  2. Souveraineté & alliances :
    • deals multi-acteurs Microsoft / NVIDIA / startups d’infrastructure ou d’agentic AI (par ex. l’Agentic Launchpad au Royaume-Uni pour soutenir des startups d’agents IA).
  3. Contraintes physiques :
    • accès à l’énergie (notamment verte),
    • disponibilité de l’eau et du refroidissement,
    • proximité avec les câbles sous-marins et grandes dorsales réseau.

Pour les fondateurs, DSI et responsables infra, le message est clair :

la question n’est plus “quel modèle choisir ?” mais “où et avec quelle souveraineté tourner mes modèles ?”.

2. L’IA descend du cloud : smartphones, AI PC et NPU partout

Deuxième grande bascule : l’IA embarquée dans les devices.

2.1. Smartphones : IA “dans la poche”

Avec les flagships de fin 2025 (Pixel 10, Galaxy S25, OnePlus 15, iPhone 17…), on voit une convergence :

  • accélérateurs IA dédiés (TPU maison, NPU Snapdragon, Neural Engine Apple) ;
  • fonctionnalités comme résumé intelligent, traduction temps réel, édition photo/vidéo IA, assistants contextuels embarqués ;
  • optimisation pour faire tourner des modèles “taille smartphone” en local, pour la confidentialité et la latence.

Les constructeurs ne vendent plus seulement des mégapixels et des Hz d’écran, mais des expériences IA intégrées (photo, vidéo, assistant, productivité).

2.2. AI PC : un nouveau standard qui arrive très vite

Côté PC, le terme “AI PC” n’est plus un buzzword marketing isolé :

  • Gartner prévoit que les AI PC représenteront plus de 40 % des PC livrés en 2025, soit plus de 110 millions d’unités.
  • D’autres analyses parlent d’un marché AI PC qui pourrait approcher les 1 000 Md$ d’ici 2035 avec une croissance annuelle >30 %.
  • Les NPUs (neural processing units) intégrés dans les processeurs Intel, AMD ou Qualcomm devraient croître à plus de 40 % de CAGR sur la décennie, portés par les usages Copilot+ et l’IA locale.

Concrètement, on voit :

  • des portables Copilot+ PC sous Windows avec NPU ≥ 40 TOPS ;
  • des puces Ryzen AI jusqu’à 50–80 TOPS dédiés à l’IA ;
  • des MacBook Pro M4 avec un Neural Engine dimensionné pour Apple Intelligence.

Pour l’instant, beaucoup de fonctions IA restent encore mi-locales, mi-cloud, mais la direction est claire :

2025–2026, c’est le moment où les PC et smartphones deviennent des plateformes IA natives.

3. L’Europe durcit et affine son cadre : AI Act, Apply AI, souveraineté

Troisième grande ligne : la régulation et la politique industrielle européennes.

3.1. AI Act : le socle réglementaire

L’AI Act, adopté en 2024, est le premier cadre légal complet sur l’IA :

  • approche par niveau de risque (inacceptable, élevé, limité, minimal) ;
  • obligations renforcées pour les systèmes à haut risque (santé, finance, emploi, infrastructure critique) ;
  • régime spécifique pour les modèles de fondation (GPAI), avec obligations plus lourdes pour les modèles présentant des “risques systémiques”.

Autour de la mise en œuvre, le débat se déplace désormais vers :

  • comment adapter les exigences pour ne pas étouffer les PME / startups ;
  • comment articuler open source, transparence des modèles et secrets industriels ;
  • comment faire en sorte que les coûts de conformité ne réservent pas l’IA à quelques groupes dominants.

3.2. Apply AI Strategy : 1,1 Md$ pour l’IA appliquée

En octobre 2025, la Commission lance la stratégie “Apply AI”, un plan d’environ 1,1 Md$ destiné à déployer l’IA dans une dizaine de secteurs stratégiques (santé, énergie, industrie, mobilité, agri-food, défense, culture, etc.).

Objectifs :

  • accélérer l’adoption de l’IA dans l’industrie et le secteur public ;
  • renforcer la souveraineté technologique européenne ;
  • aider surtout les PME à passer du POC à la production (via hubs, AI factories, etc.).

Des juristes et analystes parlent d’un plan à la fois ambitieux et potentiellement sous-financé, mais qui a le mérite de créer un marché préférentiel pour l’IA “Made in Europe”.


4. Sécurité : phishing IA & deepfakes deviennent la menace n°1

Autre thème qui s’accélère : la cybercriminalité augmentée par l’IA.

Les constats qui reviennent dans les rapports 2024–2025 :

  • les attaques de phishing liées à l’IA générative ont explosé, certains acteurs parlant de +1 000 % en quelques années ;
  • selon Hoxhunt, 80 % des campagnes de phishing visent des identifiants cloud (Microsoft 365, Google Workspace) et 80 % des sites de phishing utilisent déjà HTTPS, ce qui rend les signaux visuels classiques quasi inutiles ;
  • les deepfakes (voix + vidéo) explosent : un rapport de Deepstrike estime que les fichiers deepfake sont passés de 500 000 à 8 millions entre 2023 et 2025, avec la voix comme premier vecteur d’attaque ;
  • d’autres analyses montrent que les attaques de phishing IA (emails + vishing + deepfakes) deviennent le risque n°1 pour les entreprises, devant le ransomware dans certains secteurs.

En pratique :

  • un email rédigé par LLM est fluide, crédible, sans faute, personnalisé ;
  • un appel “CEO” peut être une voix clonée sur la base de quelques secondes d’enregistrement ;
  • une visio entière peut être peuplée de personnes deepfake.

Les entreprises commencent à réagir en combinant :

  • IA défensive (analyse sémantique, détection d’anomalies, filtrage avancé),
  • procédures “out-of-band” (ne jamais valider un virement par simple email ou appel),
  • formation continue centrée sur les scénarios IA.

5. Commerce, climat, durabilité : l’IA sort de la bulle “pure tech”

Autre mouvement intéressant : l’IA infuse les secteurs concrets, loin de la seule infra.

5.1. Retail & mode : personnalisation massive et optimisation

Dans le retail :

  • rapports McKinsey, BCG, Deloitte, Google Cloud ou NVIDIA convergent : l’IA permet :
    • recommandations personnalisées qui augmentent la conversion ;
    • prévision de demande plus fine pour réduire surstocks et ruptures ;
    • expériences phygitales (essayage virtuel, vendeurs augmentés, stores analysés par computer vision).

Les enjeux :

  • ROI rapide (panier moyen, retours, supply chain) ;
  • mais aussi risques de surconsommation, de biais et de profilage excessif.

5.2. “Planet tech” : IA pour l’énergie, le climat, la santé planétaire

À côté des centres de données gourmands, on voit un mouvement inverse :
utiliser l’IA pour réduire l’empreinte et mieux gérer le monde physique :

  • optimisation des réseaux électriques, prévision des renouvelables, maintenance des infrastructures ;
  • modèles pour la modélisation climatique locale, la résilience des territoires, l’agriculture de précision ;
  • projets de “planetary health” qui combinent données satellites, capteurs et IA pour surveiller océans, forêts, biodiversité.

Avec la stratégie Apply AI, la Commission pousse explicitement des cas d’usage IA axés sur l’énergie, le climat, les infrastructures et l’agri-food, pas seulement sur la productivité bureautique.


6. Hardware créateur & jeux : l’IA comme co-pilote créatif

Côté créateurs et joueurs, on observe un double effet :

  1. Matériel
    • GPUs RTX 50 (Blackwell) et Radeon RX 9000 (RDNA 4) avec Tensor / AI Accelerators, DLSS 4 / FSR 4 ;
    • MacBook Pro M4, Copilot+ PC, mini-PC “AI” avec NPUs à 40–80 TOPS.
  2. Logiciels
    • DaVinci Resolve 20, Premiere Pro, Adobe Firefly, Unreal Engine 5.4/5.5, Blender 4.2…
    • tous intègrent de la génération et de l’assistance IA (montage, animation, assets, agents de jeu).

Résultat : la barrière d’entrée technique baisse, la contrainte devient :

“Quelle part de mon pipeline je délègue à l’IA, sans perdre mon style ni ma maîtrise ?”

7. Ce que ces deux semaines racontent sur la suite

Si on met tout bout à bout, cette première moitié de novembre 2025 dessine un paysage où :

  • l’IA est infra (data-centres, HBM, énergie, satellites, hubs régionaux) ;
  • l’IA est device (smartphones, PC, hardware créatif, NPU partout) ;
  • l’IA est encadrée (AI Act, Apply AI, souveraineté) ;
  • l’IA est risquée (phishing IA, deepfakes, fraude) ;
  • l’IA est utile dans les secteurs concrets (retail, énergie, climat, santé, industrie).

Pour la suite de novembre et au-delà, les vraies questions à se poser côté décideurs, fondateurs, créateurs :

  1. Infra & souveraineté
    • Où tourne mon IA ? Sur quels clouds, avec quelles garanties de localisation et de compliance ?
  2. Usage responsable
    • Mes produits IA renforcent-ils la confiance (sécurité, transparence, durabilité) ou l’érodent-ils ?
  3. Valeur métier
    • Sur quels problèmes métier précis l’IA me donne un vrai avantage, plutôt que d’être une démo cool de plus ?

Parce que la tendance de fond, derrière toutes les annonces de ces 15 derniers jours, c’est que :

l’IA devient une couche normale de l’infrastructure numérique et économique.
La question n’est plus “si”, mais “comment, où et sous quelles conditions on l’embarque”.

Sources