IPv4 vs IPv6 : comprendre les fondements de l’Internet moderne

Découvrez les différences entre IPv4 et IPv6, leurs principes, avantages, limites et enjeux pour l’avenir des réseaux et de l’Internet moderne.

Illustration IPv4 vs IPv
« Un protocole n’est rien sans son adresse » — adaptation libre
Infographie IPv4 vs IPv6


Schéma comparatif des en-têtes IPv4 et IPv6

Introduction : qu’est-ce que l’“IP” ?

L’Internet Protocol (IP) est le protocole de la couche réseau (ou Internet) chargé d’identifier et de transporter les paquets de données à travers un réseau.
Deux fonctions principales :

  • Adressage : chaque appareil connecté se voit attribuer une adresse unique.
  • Routage : transfert des paquets entre les réseaux, via des routeurs intermédiaires.

IP est au cœur de la communication Internet. Ses versions principales aujourd’hui sont IPv4 et IPv6.


IPv4 : historique, fonctionnement et limites

Historique

  • Introduit par la RFC 791 (1981).
  • Conçu à une époque où Internet ne comptait que quelques milliers de machines.
  • Espace d’adressage : 2³² (≈ 4,3 milliards d’adresses).
  • Depuis 2011, toutes les adresses IPv4 disponibles ont été distribuées (Wikipedia).

Notation

  • 32 bits, affichés en quatre octets décimaux : 192.168.0.1.
  • Répartition : octets séparés par des points.
  • Une partie des adresses est réservée (privées, multicast, boucles locales, etc.).

Structure du paquet IPv4

Champ Description
Version 4
IHL Longueur d’en-tête
TTL Nombre de sauts maximum
Protocol TCP, UDP, ICMP…
Source / Destination Adresses IP
Checksum Contrôle d’erreur
Options Paramètres supplémentaires

IPv4 utilise la fragmentation en transit pour adapter la taille des paquets au MTU du réseau.
Cependant, ce mécanisme alourdit le traitement des routeurs.

Limites

  1. Pénurie d’adresses
  2. Dépendance au NAT (Network Address Translation), qui casse le principe de connexion directe.
  3. Absence de sécurité native (IPsec est optionnel).
  4. Pas d’auto-configuration intégrée (DHCP requis).
  5. Complexité du routage global.

IPv6 : le successeur d’IPv4

Pourquoi IPv6 ?

Défini dans la RFC 8200, IPv6 a été conçu pour :

  • Résoudre la pénurie d’adresses.
  • Simplifier le routage et l’en-tête des paquets.
  • Intégrer la sécurité et l’auto-configuration.
  • Supprimer la nécessité du NAT.
  • Soutenir l’expansion de l’IoT et du cloud.

Format et notation

  • 128 bits, soit 3,4 × 10³⁸ adresses possibles.
  • Représentation hexadécimale :
    2001:0db8:85a3:0000:0000:8a2e:0370:7334
  • Abréviations :
    :: pour une suite de zéros, db8 pour 0db8.

En-tête IPv6 (simplifié)

Champ Description
Version 6
Traffic Class Priorité / QoS
Flow Label Identification de flux
Payload Length Longueur du contenu
Next Header Protocole suivant
Hop Limit Équivalent TTL
Source / Destination Adresses IPv6

IPv6 supprime la checksum et la fragmentation en transit, déléguée à la source.

Avancées clés

  • SLAAC (Stateless Address Auto Configuration) pour l’auto-configuration sans serveur DHCP.
  • NDP (Neighbor Discovery Protocol) remplace ARP.
  • Anycast pour adresser le “serveur le plus proche”.
  • IPsec et SEND (Secure Neighbor Discovery) intégrés.

Sources :
ThousandEyes — IPv4 vs IPv6
AWS — IPv4 vs IPv6 comparison


IPv4 vs IPv6 : comparaison synthétique

Critère IPv4 IPv6
Taille d’adresse 32 bits 128 bits
Nombre d’adresses ≈ 4,3 milliards 3,4 × 10³⁸
Notation Décimale pointée Hexadécimale
Checksum Oui Non
Fragmentation En route Source uniquement
Auto-config DHCP SLAAC / DHCPv6
NAT Oui Non
Sécurité native Optionnelle Prévue (IPsec)
Routage Complexe Agrégé et hiérarchique
Adapté IoT ? Partiellement Oui

Mécanismes de transition IPv4 ↔ IPv6

1. Dual-Stack

Chaque machine fonctionne en parallèle sur IPv4 et IPv6.
→ Méthode la plus stable et la plus utilisée.
Wikipedia – Dual Stack

2. Tunneling

Encapsulation de paquets IPv6 dans IPv4 (6to4, Teredo, ISATAP…).
→ Permet de traverser un réseau IPv4-only.
→ Peut ajouter latence et overhead.

3. Traduction

NAT64 / DNS64 : permet à un client IPv6 d’accéder à un serveur IPv4.
→ Utilisé dans de nombreux opérateurs mobiles.
Coursera — IPv4 vs IPv6


Études & performances

  • Raicu (ARXIV) : IPv6, plus lent que IPv4 dans certains scénarios de tunneling (arxiv.org).
  • ResearchGate (2023) : IPv6 plus stable sur les réseaux natifs (source).
  • Google Statistics : adoption mondiale > 45 % du trafic en 2025.
IPv4 vs IPv6 diagramme simplifié

Bonnes pratiques et perspectives

  • Activer le dual-stack pour une migration douce.
  • Protéger le protocole NDP (RA Guard, SEND).
  • Surveiller la latence des tunnels.
  • Adopter une architecture d’adressage hiérarchisée.
  • Former les administrateurs à IPv6.

L’avenir d’Internet repose sur l’IPv6, mais la transition complète prendra encore du temps.
Les environnements hybrides (IoT, edge, cloud) en accélèrent toutefois l’adoption.


Conclusion

IPv4 a porté Internet pendant plus de 40 ans, mais ses limites sont structurelles.
IPv6 apporte des solutions durables, une architecture moderne, et un espace d’adressage quasi infini.

Comprendre IPv4 et IPv6, c’est comprendre la mécanique du réseau mondial.

📚 Sources